Lectures d’été (1) : la Méthode Google de Jeff Jarvis

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Un post de Jean

5 août 2009

Sans titre

Petite fiche de lecture avec la Méthode Google de Jeff Jarvis, publiée par Télémaque en partenariat avec Faber Novel (19.5 euros). Pour ceux qui l’ignorent, Jeff Jarvis est un journaliste américain très connu : son blog, Buzzmachine.com, est une référence mondiale sur les mutations de l’industrie des médias à l’ère numérique. Bref, un précurseur.

Comprendre les lois de Google

Sa « Méthode Google » a pour objet de scruter les mutations de notre monde et de notre économie sous ce prisme : « et que ferait Google à votre place ? » On est loin ici des enquêtes pléthoriques du style « Tous fichés » sur le « machiavélique Google qui veut dominer le monde ». L’auteur confesse volontiers une immense admiration pour l’entreprise californienne.

Avec cet ouvrage, Jarvis ambitionne de nous donner quelques clés pour comprendre ce Nouveau Monde et ses potentialités. Dans sa première partie, Jarvis décrypte les lois googliennes (et du net plus généralement) qui ont fait son succès : communauté, ouverture, distribution, open source, culte du chiffre et du client, dématérialisation, coproduction, transparence, temps réel, innovation… Dans la seconde, il décline toute une série d’exemples où ces lois pourraient s’appliquer pour le bien de tous. Mutuelle, Mobile, Santé, Energie, Edition…. et Média (j’y reviens plus bas).

Le bouquin est foisonnant et passionnant. J’avais lu il y a deux ans “La terre est plate” de Thomas Friedman. L’auteur abordait notamment la manière dont les infrastructures numériques et la globalisation avaient bouleversé notre économie. Même si le ton est différent, la méthode Google ressemble à peu une suite de la Terre est plate. La crise est passée par là. Le modèle Wal-Mart, triomphant avec Thomas Friedman, devient étonnement ringard chez Jarvis au profit de Google, mètre étalon de l’économie de demain.

Les trucs qui m’agacent

D’abord, quelques petits trucs qui m’agacent dans ce bouquin (dans les deux derniers cas, l’auteur n’y est pour rien).

  • Le côté un peu gourou (l’injonction, “vivez votre vie en mode béta”, fallait oser !) et cette tentation de tout théoriser.
  • Le monde entier de Jeff Jarvis se limite au monde connecté. Pas un mot (ou presque, à part sur la partie consacrée au microcrédit) sur les 5 milliards d’humains qui ne sont pas internautes et qui n’ont jamais entendu le mot Google.
  • La préface de Franck Riboud, PDG de Danone, dans l’édition française, ne sert absolument à rien, mais alors à rien !
  • Le buzz autour du livre, comme quoi la lenteur de sa traduction en français serait due à une auto-censure démoniaque du lobby du monde de l’édition (lire la préface de l’éditeur assez ironique sur ce point).

Médias : les leçons à en tirer

Ceci étant dit.

Sur le volet médias, les leçons à en tirer sont nombreuses, même si ceux qui connaissent un peu le secteur et le bonhomme n’apprendront rien de très nouveau (sa théorie du journalisme de liens a depuis longtemps essaimé dans la blogsphère francophone)

Voilà donc quelques idées en vrac développées par Jarvis. Toutes ont comme point commun la nécessité d’innover et de remettre à plat l’ancien modèle. Bref, encore du boulot pour les médias français, s’ils veulent se caler sur ce modèle.

  • le journalisme doit se réinventer. Les journaux vont mourir, mais la demande d’info demeure. Les médias doivent d’affranchir de cette culture papier pour se réinventer totalement. Rien ne sert de pratiquer la politique de l’autruche.
  • les médias doivent devenir des plateformes et s’ancrer dans des réseaux. Cela permet en amont de profiter du savoir-faire d’internautes. Cela permet en aval de mieux “distribuer” les contenus.
  • Les médias doivent proposer des services et non pas seulement du contenu.
  • Un bel article, c’est chouette. Mais sans lien, il n’a aucune valeur.
  • Il faut donc produire de l’information à haute valeur ajoutée pour qu’elle soit “liée” : fini le bâtonnage de dépêches.
  • Il faut produire une information facile d’accès pour Google : on ne viendra pas chercher l’information chez vous. Les médias doivent arrêter de penser qu’ils sont le centre du monde.
  • les lecteurs sont vos alliés (1) : ils savent le mieux ce qu’ils veulent lire. Il faut savoir les écouter, leur confier par exemple le choix des sujets à traiter. Ce qui veut dire que les médias doivent savoir lâcher la bride : la confiance est inversement proportionnelle au contrôle.
  • les lecteurs sont vos alliés (2) : ils sont des coproducteurs de contenu. Exemple avec la radio WNYC qui a envoyé ses lecteurs relever les prix des denrées alimentaires dans les grandes surfaces, pour une enquête consommation.
  • la guerre blogueurs / journalistes, c’est mal. Les partenariats, c’est bien.
  • La mort des mass média : vive les marchés de niche. L’hyper-local ou l’hyper-spécialisation sont des solutions d’avenir.
  • le papier, ça craint. Ca pollue et ça freine l’innovation. La presse papier doit savoir profiter de sa situation de rente pour faire rapidement la transition, sous peine d’être dépassée et devenir inutile.
Crédit photo CC Flickr richard.pyrker

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